RESTAURATION - REPARATION - REMISE A NIVEAU - OPTIMISATION

Retour Autres Restaurations

Restauration et remise en fonctionnement d'une platine semi-professionnelle MICROMEGA de lecture 78 tours de 1949 :
cellule magnétique (MM), moteur avec entraînement direct du plateau, entrée micro non mixable



Après recherches, la marque de l'époque est sans rapport avec celle que nous connaissons aujourd'hui pour ses excellents lecteurs et convertisseurs CD.
Sauvé de justesse d'un coin humide de vieux bistrot du Centre, la mallette d'origine est en bois et recouverte de toile orangée cirée mais moisie. L'état initial de la toile de finition ne permet aucune restauration et seul le bois (piqué par les vers) est récupéré, traité, bouché, ré-assemblé, doublement vissé et collé.
Les coins acier traités laiton, ainsi que les fermoirs n'ont pu être restaurés malgré plusieurs acidages et sont remplacés par des modèles neufs de bonne facture en acier nickelé.
Le coffret métallique noir (peinture au four) de l'amplificateur est dérouillé sur ses parties intérieures.
L'équipement d'origine est constitué de 3 tubes :
- 1 valve 5Z4 redressement haute tension
- 6V6 , excellente tétrode, avec sortie puissance en classe A
- 6K7 , pentode, généralement utilisée dans les étages moyenne fréquence des récepteurs radio de l'époque (et même avant Guerre) et procurant ici le gain en tension nécessaire après la cellule magnétique.
Suite à un stockage prolongé en milieu humide, tous les condensateurs sont remplacés : chimiques, liaisons et découplage. Les résistances à couche carbone sont encore des valeurs "rondes" (non normalisées suivant les séries E) et sont mesurées unitairement.
Le haut-parleur étant un modèle à aimant permanent, le filtrage en PI de la haute tension s'effectue au travers d'une résistance bobinée. Mais sa valeur initiale de 1 KOhms est passée à moins de 100 Ohms par échauffement du au claquage de la capacité de filtrage HT. Elle est remplacée par un modèle fiable et vitrifié de ... 1965 !
L'amplificateur ne comprend aucune contre-réaction, encore peu utilisée à l'époque ; ce principe est ici particulièrement adapté au pick-up : grand gain avec peu de tubes et limitation naturelle de la bande passante aux extrémités du spectre : à -6dB, elle s'étend de 80 Hz à 6.5KHz : mesure sur charge optimale de 2.5 Ohms à 1W. Les concepteurs ont donc parfaitement intégré les notions électroniques et de coût pour assurer au mieux la reproduction sonore : la bande passante est centrée sur la possibilité de gravure des 78 tours et limite ainsi les bruits d'aiguille (de 7 à 8 KHz environ) et de rumble lié au support platine en bois !
Le haut-parleur est un rare 25cm de chez SEM, de très belle facture, avec spider en bakélite (encore classique à l'époque, suspension dure), une membrane papier avec corrugations (limitant le fractionnement propre), un cache-noyau en feutre (décompression vers l'avant). Ce haut-parleur étant décentré, un démontage complet est nécessaire afin de nettoyer l'entrefer, le dérouiller pendant plusieurs jours ... recentrer le noyau, la plaque de champ et enlever la rouille des autres parties métalliques. Le saladier est repeint avec une peinture métal grise. L'étiquette de référence du haut-parleur, collée sur la culasse est protégée par un vernis et laissée en l'état pour garantir l'authenticité de cette pièce. Après mesures, la fréquence de résonance à l'air libre est de 74 Hz et l'impédance est de 2,65 Ohms.


Le moteur est également une très belle pièce d'électromécanique : c'est un moteur synchrone, entraînant directement le plateau en aluminium qui fait office de blindage par rapport aux 4 enroulements du stator. Le lancement se fait donc ... à la main !!! Une petite rotation sur le plateau et l' "embrayage" se fait immédiatement : démarrage en moins de 2 secondes ! Nous sommes ici en présence d'un élément précurseur aux platines à entraînement direct. Le corps moteur est en ébonite. Trois brides en acier avec silent-bloc intégré fixent le moteur en suspension sur la contreplaque en bois et assurent ainsi son découplage mécanique par raport au bras de lecture. Les 3 fixations sont cassées au niveau de l'ébonite. Elles sont simplement recollées à la cyanolite qui convient parfaitement à cette matière poreuse.


La cellule magnétique se compose classiquement d'un aimant puissant et de 2 circuits en fer doux en double C ; la fermeture du champ est alors réalisée par le stylet, solidaire de l'aiguille placé à l'intérieur de la bobine. Quelques années après, on retrouve ce principe sur les platines professionnelles CLEMENT dont nous parlons un peu plus loin. Aujourd'hui c'est encore ce principe technologique - miniaturisé - qui est utilisé.
A l'écoute avec une aiguille neuve, les voix sont chaleureuses avec un haut grave magnifique, typique de la reproduction sans contre-réaction. Le moteur reste silencieux et aucune agressivité n'apparaît avec les quelques 100g de force d'appui sur les chères galettes noires (78 tours)! Sur les passages musicaux, la lecture est également très bonne, avec beaucoup d'expression, pas de retenue de dynamique. Sur certains disques de jazz apparaissent quelques basses claires, malgré un montage en baffle plan et aux rebords peu profonds. Ceci traduit un excellent équilibre subjectif de l'ensemble, l'association des différents maillons étant judicieusement choisie. Le bruit de surface est réduit et la puissance est tout à fait confortable. Compte tenu des moyens technologiques rapportés à l'époque, nous sommes en présence d'un pick-up destiné à une utilisation intensive et pouvant sonoriser une salle de petites dimensions. La fidélité de reproduction, qui est donnée basiquement par la cellule magnétique, est un must pour l'époque et sans comparaison avec les phonographes purement mécaniques ou les capteurs piézo-électriques naissants.