EDITO SEPTEMBRE 2012

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Une rentrée à pleins tubes ...


Hors de question de nous appesantir sur la morosité ambiante.

Nous avons encore vérifié lors de notre déplacement incontournable de Juin 2012 à Munich, que la véritable Haute-Fidélité se porte toujours très bien.

Force est de constater que les générations se succèdent et que les mélomanes et audiophiles avertis plébiscitent toujours les marques et les appareils qui rendent profondément justice à la Musique.

Les couloirs du salon munichois sont non seulement remplis par des grandes marques, celles innovantes et spécifiques au haut de gamme, mais aussi par des artisans auxquels nous sommes fiers d'appartenir.
Ces artisans d'Outre-Rhin génèrent un nombre conséquent de produits de très Haute-Fidélité, tant pour les particuliers que pour les professionnels du son, ces derniers à l'affût d'une différenciation qui scellera leur image de marque ou plus simplement un bonheur d'écoute.

Par comparaison, cet évènement rappelle un certain " âge d'or " de la Haute-Fidélité française, à la manière de petits fabricants d'il y a 40-50 ans que l'on redécouvre ici.

Ces hommes, entrepreneurs par passion et par conviction, font inévitablement penser à des Charlin, Cabasse, Vaissaire, ou récemment disparus Artozoul, Reynaud et Visan, tous soucieux de faire partager un savoir-faire dont le plaisir musical est l'aboutissement.

Encore une fois, ce ne sont pas simplement des vendeurs dont toute la difficulté - et l'oreille - consiste à associer péniblement des maillons dont les technologies, les orientations de conception, les références sonores sont tellement différentes que l'assemblage, à la manière d'un vin, risque de ne jamais prendre ...

A l'écoute, l'homogénéité tant recherchée a finalement disparu et les clients fuient, préférant réduire leur " bande passante " que de subir les assauts des graves outrageux, des médiums projetés ou des aigus cinglants, décharnés de tous les liens qui les unissent et qui forment le subtil message musical.

Car il est peut-être plus facile aujourd'hui d'être concepteur que d'être vendeur !

Le concepteur a pour lui beaucoup de matière (choix des technologies, pléthore de composants) et d'outils (design mécanique 3D, simulations linéaires et non-linéaires des circuits, optimisations, calculs de fiabilité) qui lui facilitent la tâche.
La conception se réduit plus à une association de fonctions électroniques qu'à la compréhension et la modification de la fonction électronique elle-même.

Le choix est finalement plus dur pour le vendeur.
Certes les références sont aussi légion dans chaque catégorie d'appareils, mais ce n'est pas à la vue des caractéristiques techniques, quasi identiques entre toutes, que la différence va se jouer !
Et si le choix est important, les conditions financières de stockage et d'essais ne sont pas infinies.
Toute la difficulté d'un excellent vendeur - et d'un audiophile - consistera donc à trouver la bonne articulation, la meilleure filiation, sur un nombre fini de possibilités.

Revenons en quelques mots sur la fiabilité de nos chers appareils.
C'est-à-dire sur le " time to failure " ou question commune simple : " mon appareil tombera en panne au bout de combien de temps ? ".
Sans rentrer dans les documents, principalement américains, qui génèrent les références de calculs fiabilistes (MIL-HDBK-217 et Bellcore SR-332), les appareils possèdent une durée de vie calculable (prédictible) fonction du type et du nombre de composants, de leur température interne, de leur environnement de fonctionnement, mais aussi dépendante de leur environnement de stockage hors fonctionnement.
Un "profil de mission" bien compliqué et tellement variable suivant le propriétaire ...

Ainsi la durée de vie d'un appareil à tubes sera, par nature, bien différente d'un appareil à transistors.
Je ne parle ici que de panne et non d'usure liée à l'utilisation normale du produit (exemple : diminution de l'émissivité des cathodes pour un tube électronique, dégradation de la caractéristique Ia/Vg).

Au premier ordre, pour les appareils à tubes, les critères affectant la fiabilité sont :

- chaleur dégagée importante, environnement thermique élevé pour les socles supports : oxydation associée à l'humidité ambiante, défaut électrique des contacts mécaniques par pincement, lyres,

- composants proches : dénaturation de l'enveloppe, déssèchement, atteinte des couches internes, mise en court-circuit, arrachement des bondings, défauts de choppage ou de jonction,

- circuits imprimés : dénaturation du matériau : dilatation en épaisseur de la fibre de verre et collage intermédiaire, défauts sur vias traversants, points de brasures soumis à des contraintes mécaniques, contraintes transmises aux composants soudés et ruptures,

- tensions élevées d'alimentation : isolement, arcs électriques et risque de charbonnage, vieillissement prématuré des diodes de redressement et des condensateurs lors des multiples cycles d'allumage et d'extinction, ...

Au premier ordre pour les appareils à transistors :

- nombre élevé de composants : à environnement constant, le taux de panne est d'autant plus élevé que le nombre de composants est grand,

- en pure Classe A, on se ramène aux conditions des amplificateurs à tubes avec en plus l'impact quantitatif des composants !

- technologie des composants passifs : discrets ou composants montés en surface : la miniaturisation permet de diminuer le volume (et les coûts) pour une même tension d'alimentation mais au détriment des couches internes qui sont très rapprochées et dont le diélectrique est fragile face aux conditions d'environnement thermique, aux pics de tension et d'intensité,

- mise en court-circuit des couches internes pouvant donc entraîner une destruction majeure de l'appareil fonction de la position du composant dans le circuit électronique : asymétrisation des tensions d'alimentation, points critiques de fonctionnement hors plage,

- technologie des composants actifs : miniaturisation, passage de boîtiers métal à boitiers plastique, faible pont thermique et dissipation. La température est un point critique pour les amplificateurs à transistors car leur température interne de jonction, limitée aux environs de 150°C peut être facilement atteinte à puissance prolongée ou dans le cas d'un emballement thermique.

Un seul défaut apparaisant sur l'ensemble de régulation thermique diode / transistor / resistance d'ajustement BIAS entraîne donc une destruction rapide !

- les fusibles protègent principalement la propagation du défaut vers l'extérieur (haut-parleurs, transformateur, feu électrique), mais généralement ils ont fondu parce que l'électronique en aval a rendu l'âme !

Ainsi donc les facteurs de panne sont multiples et complexes avec une partie " décidable " et prédictible au niveau de la conception et des choix de fabrication du produit ; une autre est liée à l'utilisation et à l'environnement en fonctionnement ou hors fonctionnement, donc de vous ...

On note ainsi sur les 50 ans passés (fiabilité opérationnelle), des défauts majeurs de conception et de fabrication qui ont entraîné la mort prématurée de produits pourtant très performants acoustiquement.
Ces défauts sont engendrés par des associations " heureuses " au niveau sonore mais " malheureuses " au niveau des assemblages internes.

Les éléments et les difficultés sont bien multiples pour associer à la fois les performances électroniques, les performances d'écoute, le maintien des performances dans le temps (fiabilité).
Le facteur humain est lui présent tout au long du cycle de vie du produit.

Les appareils Haut de Gamme, réputés en tant que tels, seront donc les seuls capables de répondre à toutes ces exigences, à la fois technologiques et acoustiques.

Alors ne vous trompez pas ! Dirigez-vous vers ceux qui connaissent les matériels, qui seront à même de vous conseiller, de vous indiquer si une réparation se justifie ou non et si les bases acoustiques sont telles qu'elles peuvent encore être améliorées avec les progrès disponibles.

Musicalement vôtre,

Laurent SCHWARTZ
Ingénieur Electronicien - Ingénieur du Son

L'Autre du Son

© SEPTEMBRE 2012 AUDIO MUSICAE