EDITO MAI 2011

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De très belles courbes. RIAA mon amour.


Les préamplificateurs-correcteurs sont un point majeur dans un système de reproduction électro-acoustique.

Même si beaucoup peuvent penser qu'une configuration dite "linéaire" ou "directe" semble la meilleure, la réalité est bien autre et ce depuis la prise de son avec les préamplificateurs (tubes ou transistors) pour microphones.

Oui, les corrections sont partout : depuis les très nombreuses effectuées au mixage, au mastering, et bien sûr lors de la gravure de nos chers vinyles qui retrouvent un souffle et une "écoute" bien mérités en ces périodes d'alternances de 0 et de 1.

Pour les vinyles, l'amplificateur de gravure, par sa technologie même - tubes ou transistors - va délivrer sa propre signature jusqu'au fond du sillon.

Le signal gravé est faible et modifié volontairement dans des rapports de puissance sur tout le spectre sonore.
A la lecture, il faut donc le corriger dans des ratio inverses pour retrouver le signal originel, celui du master.

La correction consiste à compenser les atténuations et les renforcements appliqués à certaines fréquences lors de la gravure et corriger si besoin les caractéristiques de lecture (linéarité par rapport à la vitesse). En général cette denière courbe est excellente : le signal en sortie d'une bonne cellule est toujours proportionnel à la vitesse, quelle que soit la fréquence.

Les nécessités de gravure amènent donc à atténuer les graves (limitation des déplacements du burin et largeur du sillon) et renforcer les aigus (diminution du bruit de surface lors de la lecture).
On définit ainsi des constantes de temps pour différentes atténuations : c'est la courbe R.I.A.A (ou New Ortophonic pour les plus anciens ...) que vous trouverez largement sur le Web, ainsi que sa formulation d'atténuation logarithmique.

En dehors des points de corrections sur les constantes passe-bas (75 et 318 µS) et passe-haut (3180 µS), il est utile d'adjoindre une autre constante à la lecture destinée à atténuer très fortement les fréquences inférieures à 20 Hz (vibrations et résonances mécaniques).
Pour que cette atténuation soit efficace, il faut que le dispositif soit un étage électronique spécial et non un simple réseau RC (condensateur série, résistance parallèle) totalement insuffisant.

Un tel montage sélectif est alors très appréciable car il ne diminue pas l'assise, l'ampleur et la lisibilité des notes basses, mais limite efficacement l'amplitude des bruits subsoniques, générateurs d'une intermodulation mesurable et pénible à l'oreille : manque de netteté sur le haut du spectre médium / aigu, effet de "vibrato".
Une forte pente d'atténuation de 12 à 24 dB est donc conseillée.

Comme les signaux véhiculés sont extrèmement faibles (de l'ordre du miliVolt), un soin extrème doit être apporté à l'établissement des masses.
Les câbles de liaison et la qualité intrinsèque de leur blindage participent pleinement à ce point.
Il faut donc éviter tout rebouclage, toute circulation de résidus parasites ou d'ondulation dans les lignes de masses.
Dans les préamplificateurs parfaitement construits, les isolations des prises d'entrée phono sont telles qu'aucun bouclage de masse n'est possible avec le coffret métalllique.

Pour les préamplificateurs à tubes, le chauffage des filaments en continu est indispensable pour éviter tout ronflement secteur 50Hz qui deviendrait catastrophique sur une entrée phono.

La cellule magnétique est assimilable à un générateur avec self et résistance en série : il faut la charger par une impédance très grande en pratique (infinie en théorie).
L'impédance d'entrée du préamplificateur phono devra donc être très grande.
Sa capacité d'entrée sera la plus faible possible (et donc aussi la capacité du câble de liaison platine-préampli ...) pour que la résonance électrique avec la self de la cellule se situe bien au-delà de la bande audible ...
En réalité, la résistance est abaissée volontairement (de 100 à 30 KOhms) dans le but d'amortir la résonance self-capacité que nous venons de décrire.
On assure ainsi la linéarité de réponse intrinsèque à la cellule en amont du préamplificateur.

En ayant ainsi ramené les paramètres du générateur proche de l'idéal, il n'y a plus qu'à introduire les 3 constantes de temps définies par la correction R.I.A.A.

Le nombre des paramètres à prendre en compte pour l'association cellule-préampli est donc déjà important (cellule, câbles, impédance de charge optimale, ..)

Mais c'est sans compter sur les autres paramètres technologiques des corrections : RC, LC, passive, active avec contre-réaction, mixte, transistors, tubes , .. et mécaniques qui donneront toute sa qualité sonore à une source vinyle.

Mieux que quelques courbes, si belles soient-elles, venez donc découvrir tous ces points mis en oeuvre sur nos lectures vinyles chez AUDIO MUSICAE

Hi-End May 2011 / München.
Résumé de notre parcours auditif (et salutaire ?) au salon Hi-End 2011 à Munich.

A nouveau une surface exceptionnelle et représentative des nombreux constructeurs clés du monde entier.



Un pavillon italien qui regroupait les constructeurs haut de gamme du pays avec un design absolument magnifique, toujours aussi créatif. Des lignes originales et aussi du vintage à la peinture martelée mêlant lignes anciennes et couleurs éclatantes d'une certaine renaissance audio ; tels ces amplis avec push-pull de 2A3 et transformateurs aux laques colorées du plus bel effet. Malheureusement, hors écoutes ...



Les "petits" constructeurs allemands, toujours présents et présentant des produits dont l'écoute ne peut que séduire les oreilles ; preuve que le marché outre-Rhin se porte bien et que les compétences sont toujours bien réelles. A l'image d'EMT dont les écoutes vinyles réalisées avec les matériels de la marque ont conquis notre hôtesse ... Aucune fatigue auditive, un plaisir total. Enfin les électroniques disparaissent, les enceintes comprises. Plus aucune notion d'appareil, de matériel ; on entre dans une quiétude sonore, dans une autre lecture de l'œuvre musicale. L'épanouissement auditif. A l'instar de 2010, le préampli phono JPA-66 (# 25000 €) était donc toujours à l'honneur.



La qualité a certes un coût ; elle est ici bien réelle et le temps d'attente (quelques mois) est réellement justifié pour ce préampli phono exceptionnel au look vintage, équipé de ECC803S / ECC99 et possédant des constantes et impédances variables pour une adaptation parfaite de chaque cellule (c.f. notre édito de ce mois) et de chaque évolution de gravure vinyle, 78 tours compris.

Quelques bons vinyles en ré-édition ou pressages d'origine à tous les prix (enfin pas ceux de nos vide-greniers !) : des Mercury, des Decca, des London, des RCA, des Capitol, des Philips, ... à faire tourner la tête à n'importe quelle platine mais à ne pas mettre entre tous les bras. Nous avons rapporté un très rare SHURE de démonstration pour vos oreilles et pour validation complémentaire de nos réglages vinyles. Tandis que notre hôtesse faisait son choix sur quelque trio à cordes avec micros Neumann à tubes ... Je ne crois pas avoir vu de pareilles quantités de vinyles depuis ... 1996 ! Merci Tacet, Da Capo et autres disquaires complètement fanatiques !

Un mini-concert live et acoustique de Mckinley Black qui enregistre sous le label Stockfisch Records. Nous disposons déjà de quelques exemplaires d'autres artistes pop/folk sur ce même label dont la qualité de prise de son et de mastering est au top . La "sonorisation" (oups) était réalisée par les amplificateurs danois Vitus Audio (50000 Euros la paire) dont les concepteurs sont issus du milieu électronique professionnel et les JM Lab Grande Utopia (70000 € la paire). Que du beau pour les oreilles ; la voix à la fois sensuelle et forte de cette berlinoise d'adoption passait à merveille, sans aucune agressivité, sans sifflantes prononcées, sans distorsion aucune sur les forte. Très belle finesse et détails harmonieux sur les cordes de sa guitare. Une richesse d'écoute dans cette grande salle d'environ 120 m2. Et dire que des américains enregistrent toujours dans la vieille Europe dans des studios d'exception (dommage Hérouville, clin d'œil à ceux qui se reconnaîtront dans ces lignes). A écouter prochainement en nos locaux avec dédicace dorée de Mckinley Black pour notre collaboratrice !



A propos des USA, les JBL, sans parler des Everest DD66000, savent toujours faire face. Les écoutes se faisaient donc sur les JBL Everest Project K2 S9900 (30000 € la paire) alimentées par un processeur Wisdom Audio et des amplificateurs Mark Levinson ; là encore, la notion de "Live music" était bien présente et le coté "appareillage électronique" disparaissait enfin.



Transition idéale pour l'ensemble 5.1 professionnel avec enceintes PMC Audio (à décoiffer d'autres marques anémiques made in UK) équipées de woofers 15 pouces en multi-amplification active, drivées par 8 amplificateurs transistorisés Bryston série SST tellement adorés en monitoring de studio !
Des impacts, une tenue du grave redoutable, un médium hors du commun (fréquence active de transition à 3.8KHz) pour des électroniques à transistors. Là encore, il n'y a pas de secret : l'application judicieuse et optimale des théories électroniques et acoustiques fait merveille.



Côté France, nos préférences marquées vont à :

Davis Acoustic : excellentes démonstrations, notamment du tout nouveau large bande 20DE8 monté à sa juste valeur sur panneaux plans. Très belle écoute, à la fois spatiale et précise, absence de traînage, message très homogène. Impacts forts. L'orientation des flasques des panneaux plans montées sur charnières est un must d'adaptation acoustique. Encore une fois, la conjugaison entre membrane papier légère et aimant puissant fonctionne parfaitement.



Triangle : enceintes Magellan à l'honneur. A nouveau une écoute excellente de ce constructeur français qui maîtrise parfaitement le domaine acoustique. Expression très naturelle sur tous les registres, spatialisation, beau respect des timbres et des ambiances. On reste assis de plaisir.



Surnaturel : Western Electric : morceau d'anthologie à nouveau distillé par des japonais avec l'enceinte stéréo WE16A (circa 1930) à pavillons repliés. On note les moteurs exceptionnels WE555 et 597. Absence totale de coloration, donc neutralité, sans pour autant tomber dans une écoute décharnée ou analytique. Electroniques Silbatone 300B (35000 €). La musique est bien présente !



Cà et là ...

Des designs magnifiques qui projettent une image très ciblée de la reproduction électro-acoustique sans compromis.
D'autres écoutes où certains constructeurs dépassent curieusement le naturel sonore en voulant à tout prix élargir la scène réelle, y compris les instruments. L'abîme est une écoute sans saveur, sans aucun réalisme. Un saxophone dont l'embouchure dépasse le mètre à une distance d'écoute de 7 à 8 mètres. On n'y croit pas une seule seconde ...
D'autres enceintes à haut-rendement et pavillons qui ne nous ont pas fait vibrer ... pourquoi le Nirvana audio est-il si rare ?




Musicalement vôtre,

Laurent SCHWARTZ
Ingénieur Electronicien - Ingénieur du Son

L'Autre du Son

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