EDITO - OCTOBRE 2010

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1.9.3.7... les leçons du passé.

Il ne s'agit pas des 4 premiers numéros gagnants du loto mais d'une année charnière dans le domaine électronique ... à tubes bien sûr.



En ce 14ème salon de la Radio (ou plutôt de la T.S.F), les évolutions électroniques et technologiques sont nombreuses.

On notera les premiers récepteurs à stations programmables, la mémorisation étant soit mécanique (GODY), soit électromécanique via un système de touches (ELCOSA).



Le récepteur LEMOUZY avec son haut-parleur fixé horizontalement et un écran réflecteur acoustique orientable.



Enfin le nouveau et très design pick-up 78 tours de Max BRAUN type 244.



Les récepteurs verticaux sont relégués aux oubliettes pour laisser place aux modèles modernes horizontaux.

Certains récepteurs haut de gamme possèdent désormais deux haut-parleurs, voire trois, le troisième étant constitué d'un tweeter pour les fréquences aigues.



A noter que le terme Haute Fidélité - "High Fidelity" apparaîtra l'année suivante sur les fabuleux récepteurs américains SCOTT et ZENITH.

A cette époque on découvre les "bienfaits" de la contre-réaction (je sens quelques puristes audiophiles électroniciens me mettre au pilori malgré ma modération sur les bienfaits ...) : ce principe de ré-injection négative d'une partie du signal de sortie (haut-parleur) vers l'étage d'entrée de l'amplificateur améliore grandement la largeur de bande passante en utilisant un schéma et un transformateur de sortie de qualité moyennes. Mais au détriment de quelques autres critères ...

Les nouvelles séries de lampes dites "Rouges" ou transcontinentales sont fabriquées en Europe et principalement développées par PHILIPS et TUNGSRAM.

Elles s'opposent aux modèles Octal lancés par les firmes américaines comme RCA / GE "que vous ne verrez ni au salon de la TSF, ni à la foire de Paris" (sic) et qui contre-attaquent avec deux tubes aujourd'hui légendaires pour les audiophiles et musiciens : 6V6 et 6L6 "qui étonnent déjà l'Amérique et qui émerveilleront tous les techniciens" ...

Les amplificateurs "classiques" délivrent une puissance modulée de 4 Watts maximum, au prix d'une distorsion qui avoisine les 13% (!)
Pour obtenir une bonne qualité audio, il faut se limiter à une puissance ne dépassant pas 2.5 Watts, la distorsion tombant alors autour de 3%.
Certains constructeurs comme PHILIPS n'hésitent donc pas sur leurs appareils grand public (haut de gamme) à compenser ce manque de puissance électrique par une amorce de pavillon acoustique.

Pourtant un haut-parleur de grand diamètre (34 cm) est enfin fabriqué et commercialisé en France (D34 REALT) pour des applications professionnelles comme le cinéma "de sorte que l'industrie française n'a aujourd'hui plus rien à envier sous ce rapport aux articles d'importation".



Sa puissance admissible est de 30 Watts modulés .... Le champ magnétique n'est pas créé par un aimant permanent mais par une bobine de fil de cuivre générant les ampères.tours nécessaires pour un champ dans l'entrefer d'environ 12000 Gauss.
Ce haut-parleur est "autonome" et possède sa propre alimentation redressée (à tubes !) et filtrée pour cette bobine.
Le poids dépasse les 20 kg !

La puissance de ce haut-parleur est compatible avec les amplificateurs de grande puissance de l'époque soit 15 à 30 Watts.

Les tubes EL3, et surtout la version améliorée EL5, permettent de délivrer ces puissances avec très peu de distorsion par harmonique :
> avec 375V de haute tension et 2 tubes EL5 (push-pull), on produit 28 Watts avec la distorsion harmonique suivante :
H2 = 0.8 %
H3 = 1.5%
H5 = 1.5%

Cette distorsion harmonique est très faible, les résultats étant obtenus sans aucune contre-réaction.

Tandis que l'harmonique 2 reste pratiquement inchangée, les valeurs de H3 et H5 diminuent notablement (# 0.5%) pour une puissance de 24 Watts, ce qui reste excellent pour un montage sans contre-réaction.
La bande passante s'étend de 50 à 10 000 Hz à - 4dB, toujours sans contre-réaction.

Pourtant les constructeurs de ces amplificateurs de "grande puissance" ne se limitent pas aux chiffres ...

Il leur importe AUSSI d'assurer la meilleure qualité audio de reproduction.

Il y a donc intérêt à appliquer une contre-réaction globale sur l'ensemble de l'amplificateur.
Il est ainsi possible de corriger la courbe de réponse en variant l'efficacité de la contre-réaction avec deux impédances.
C'est donc cette correction qui les intéresse, plutôt que la diminution de la distorsion elle-même, cette dernière étant déjà insignifiante.
On utilise deux bobinages (ou inductances) qui forment un correcteur de tonalité et de phase aux fréquences basses et aigues.



La bande passante s'étend alors de quelques Hz à plus de 20 KHz avec les transformateurs de sortie de l'époque.
A noter que des firmes comme PATHE MARCONI, PHILIPS, GRUNDIG appliqueront ce principe de correction avec inductances sur certains de leurs récepteurs et ce jusqu'au moment de l'arrivée du microsillon (1948) et de la FM (1954) de façon à prouver la supériorité qualitative de ces nouveaux moyens de diffusion.

Il faut bien que les amplis puissent suivre et démontrer l'amélioration de la performance audio de ces nouvelles technologies ...

Citons pour terminer :
" Nous voyons venir les tubes permettant un haut rendement associé à une haute musicalité, car nous croyons que cette année (1937), le Salon de la TSF qui va s'ouvrir sera mis sous le signe de la Haute Fidélité en basse fréquence, question qui semble être de plus en plus à l'ordre du jour si l'on en juge par l'éclosion de prototypes d'amplificateurs à contre-réaction ".
(extrait de la Technique Professionnelle Radio, Juin 1937)


Instructif non ?

Je dirais même plus élémentaire et très intéressant, 70 ans après ...

Venez donc découvrir (sur rendez-vous) quelques uns de ces rares phénomènes de l'histoire électro-acoustique chez AUDIO MUSICAE




Musicalement vôtre,

Laurent SCHWARTZ
Ingénieur Electronicien - Ingénieur du Son

L'Autre du Son

© Octobre 2010 AUDIO MUSICAE