"En variant le commutateur, je charge plus ou moins la lampe de sortie. Pour commencer, je lui mets 30.000 Ohms. alors le haut-parleur se met à nasiller, il fêle les trompettes, fait racler les violons, m'écorche les oreilles. Saisi d'horreur, je descends à 20.000 puis à 15.000 ohms. Cele va mieux mais la distorsion subsiste, quoique affaiblie. Je descends derechef à 7.000 Ohms : l'amplificateur me remercie en chantant de sa voix la plus suave, jusqu'au moment où je descends plus bas, à 5.000 puis 3.300 et 2.000 Ohms où les incongruités recommencent."
"Pour dépanner un appareil moderne (1945), il faut plus de méthode et moins de science qu'il y a quinze ans car la technique s'est stabilisée. Les montages biscornus ont à peu près disparu, on ne construit plus guère que des amplificateurs qui sont tous coulés dans le même moule, à part certains phénomènes assez discutables."
"On a emporté l'appareil à la campagne alimentée par triphasé 380 Volts, soit 220 Volts entre phase et neutre. Naturellement le fusible a sauté ; on l'a remplacé par n'importe quoi et on a coupé le courant quand on a vu que cela marchait mal. Il n'est nul besoin d'être fakir Birman pour deviner que toute l'alimentation en a pris un bon coup. Quant aux pannes qui ont précédé celle-ci, il importe de les connaître et de savoir ce qu'on a remplacé, même si la réparation a été faite par un as."
"Il a un jour, sur le conseil d'un ami, essayé une 6L6 à la place de la 6V6, à moins que ce ne soit une 6V6 à la place d'une 6F6. Réfléchissons : courant plaque très supérieur, échauffement très grand de la résitance de polarisation suivant la loi du carré, donc cette résistance est cuite."
"Petit à petit, nous avons quitté la voie du gros bons sens qui vous décortique les trois quarts des pannes en deux coups de cuiller à pot, pour empiéter dans le domaine aride des mesures. C'est qu'il existe malheureusement pas mal de pannes sournoises et réfractaires qui ne se laissent pas terrasser par la seule force de l'intuition et du syllogisme."
"De toutes les incongruités que peut se permettre un amplificateur mal élevé, la plus odieuse est peut-être le ronflement. Alors on pousse la puissance pour submerger l'énervant gêneur, et c'est ainsi que le solo de violon devient un récital d'orgue de Barbarie."
"Le client qui appréhende la facture a bien soin de vous prévenir : c'est moins que rien.
"Mon poste est épatant seulement il s'arrête parfois et il repart tout seul. Vous qui êtes spécialiste, vous aurez arrangé cela en cinq minutes." Les cinq minutes du client sont parfaitement capables de se muer en cinq heures de recherches vaines, à moins que ce ne soit votre "réparation" qui tienne seulement cinq minutes, pas même le temps de vous faire payer. Car tout est possible lorsqu'il s'agit de pannes intermittentes.
D'où la méthode des
"aveux spontanés", renouvelée des tribunaux de l'Inquisition. C'est bien simple : vous soumettez d'abord le châssis à la question du feu. Vous le couvrez d'un journal ou d'une couverture et vous le laissez mijoter dans son jus pendant quelque temps en évitant tout excès qui pourrait faire couler les condensateurs fixes. Dans cette atmosphère de couveuse, il arrive que la panne éclose, ce qu'on n'aurait pas obtenu à froid. Une autre méthode plus brutale consiste à appliquer des tensions plus élevées que celles qu'il digère habituellement. Tout comme l'accusé soumis à la question de l'eau, le poste entre parfois dans la voie des aveux, à moins qu'on ne fasse claquer ce qui doit claquer (...) Quand les grognements s'arrêtent, il est évident que l'organe remplacé est le coupable. Il ne reste plus qu'à le confesser dans tous les recoins de sa conscience avant de procéder à son autopsie."
Gardons un peu d'autres fabuleux commentaires "techniques" pour les prochaines fois !
L'optimistation de tous les maillons d'un système Haute-Fidélité est une de nos compétences :
N'hésitez pas à en profitez pleinement !
Excellentes vacances à tous et rendez-vous en Septembre.
© 07-08/2009
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