Débutons l'édito de ce mois avec un clin d'oeil à Offenbach, au livret de Meilhac et Halévy de la Grande Duchesse de Gerolstein.
Car nous aimons aussi à surprendre et à nous moquer ...
Nous avons réparé et remis à niveau bon nombre d'amplificateurs à tubes au cours de ces derniers mois ; mais cette fois-ci la surprise nous fut donnée par l'un de nos fidèles clients :
Un amplificateur
français à tubes JASON J.2.3 (fabrication comprise entre 1959 et 1961) et dont la puissance RMS fait ...
2 x 3 Watts.
Nous étions "descendus" récemment avec un amplificateur à tubes de 2 x 5 Watts, mais pas encore aussi bas !!!
Attardons-nous quelques instants sur la conception de cet amplificateur du tout début de la stéréo :
Il est composé de 5 tubes :
2 x EL84 travaillant en classe A, polarisation automatique classique, transformateur à prise écran, grains orientés et très haut rendement sur toute la bande audio. Emploi d'une contre-réaction énergique (mais sans effet notable de pincement), stabilité inconditionnelle de l'amplificateur en boucle ouverte.
2 x ECF82 attaquent en tension les EL84. Le redressement est réalisé par une EZ81. Le filtrage en PI s'effectue au travers d'un réseau de résistances - capacités.
Les entrées sont à haut niveau (150 à 350 mV de sensibilité pour l'époque), sous haute impédance (1 MOhms). Une particularité est le réseau de correction de tonalité entièrement passif, générant une perte d'environ 20dB du signal audio mais procurant ici une transparence bien meilleure qu'une entrée type "CD Direct" ou un système actif "Baxandall". La partie penthode de la ECF82 est donc utilisée en amplification de tension à grand gain pour compenser cette perte ; la triode fait appel à un montage très classique à gain moyen, recevant une partie de la tension du haut-parleur sur sa cathode partiellement découplée. Autre astuce : pour des raisons de coût, cetains composants sont communs aux 2 canaux (condensateurs de découplage, résistances de cathode, ...) sans aucune incidence sur la diaphonie ...
Notre client est venu écouter et rechercher son amplificateur remis à niveau lors de ces samedis après-midi où nous prenons le temps d'accueillir les Audiophiles.
Et alors surprise :
Branché sur nos enceintes à très haut rendement (> 101dB), cet amplificateur a parfaitement drivé les 9 haut-parleurs (dont un 38 cm) qui composent chacune d'elles.
Un timbre magnifique sur toutes les parties du spectre audio avec même une présence d'infra grave sur nos disques choisis. Certes la dynamique est limitée, mais la saturation ne se fait nullement sentir, même sur du blues écouté à 4 m de distance ...
Un vrai régal pour les auditeurs que nous étions sur cet après-midi.
Aussi avons-nous continué quelques essais avec d'autres amplifcateurs à tubes disposés dans notre local :
- A) un amplificateur à tubes de marque réputée à 3200 Euros de 2 x 35 Watts
- B) nos blocs mono de 2 x 12 Watts avec leur nouvelle optimisation
Ecoute A :
Une vraie tristesse ... écoute sans vie, sans naturel, sans matière, sans dynamique, timbres simplifiés, écoute tirée vers le haut. Bref une catastrophe sur nos enceintes qui pourtant développent un niveau conséquent dans le grave et d'une manière générale sur toute la palette audio.
L'amplificateur DENON SA3350 écouté le matin avec un autre client ou un
SCOTT A457 écouté la même semaine avec un autre passionné ont donné des résultats TRES largement supérieurs ...
Ecoute B :
Notre fidèle client est le deuxième à écouter nos "nouveaux" blocs mono.
Un autre client de Lyon a eu le privilège de découvrir notre dernier "jus électronique" en matinée ...
Quelques réflexions :
- Aucune fatigue auditive même après des niveaux sonores importants et une longue période d'écoute
- Dynamique exacerbée voire incroyable rapportée à la puissance (Gaîté Parisienne - Arthur FIEDLER), mais aussi grand rafinement des timbres (Vienna - Fritz REINER, Kreisler - Henryk SZERYNG, Liszt - Claudio ARRAU)
- Ecoute pleine de vie avec une matière à tous les niveaux de la bande audio (Kern Porter - Morton GOULD, My Fair Lady - Erich KUNZEL)
- Voix magnifiques (CHESKY - Audiophile Vocal Recordings) et sensuelles (Amoureuses - Patricia PETIBON, The boy next door - Stacey KENT, la plage 15 nous a laissé ... sans voix)
- Présence effective de la scène sonore (sortez les musiciens du mur arrière ! Lady be good - Jazz at the Pawnshop Vol.2), précision des voix et des instruments (Schubert - Robert SHAW Chamber Singers)
Conclusion : ayez toujours en mémoire que la puissance n'est nullement un critère de qualité et qu'il existe (et existera) de très mauvais comme de très bons amplificateurs à Tubes : cette technologie n'est pas un critère en soit, surtout si les concepteurs ont oublié les bonnes règles (de base ?) du design électronique.
Venez donc découvrir (sur rendez-vous) notre nouveau système et retrouver enfin le plaisir musical.
L'optimistation de tous les maillons d'un système Haute-Fidélité est une de nos compétences :
N'hésitez pas à en profitez pleinement !
© 06/2009
AUDIO MUSICAE